LES JEUNES DIPLOMéS

مشرف عدد الرسائل : 2822 تاريخ التسجيل : 23/12/2007

Les jeunes diplômés plébiscitent la banque

Jamais les instituts de sondage n'avaient mesuré un pareil engouement de la part des étudiants en fin de cursus. Le palmarès dressé par TNS-Sofres montre que les banques attirent tout autant les commerciaux que les ingénieurs. Les autres secteurs risquent d'en pâtir, les diplômés se raréfiant à cause du départ à la retraite des baby-boomers et des classes creuses de 1975 à 1985.

A quelles entreprises vont-ils envoyer leur CV ? Cette question est loin d'être anodine pour les directions des ressources humaines des grands groupes toujours à la recherche de sang neuf. La baisse du chômage aidant, les jeunes diplômés des grandes écoles peuvent à nouveau se montrer regardants. Des enquêteurs de l'institut TNS-Sofres se sont rendus sur les campus pour demander aux étudiants en fin de cursus de citer les sociétés dans lesquelles ils aimeraient travailler. La Tribune publie en exclusivité le double palmarès issu de cette enquête. Le premier recense les sociétés dans lesquelles les étudiants ont envie de travailler et qu'ils citent spontanément. Le second, dit " d'attractivité assistée " , est établi en fonction des notes attribuées aux 130 entreprises figurant sur une liste soumise aux étudiants.

" En spontané, seules les voix pour comptent. Ce sont les entreprises "segmentantes", celles qui font rêver. En assisté, on peut les sanctionner en leur donnant une note très faible " , explique Éric Chauvet, directeur du pôle management de TNS-Sofres.

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L'OFFENSIVE DES BANQUES

BNP Paribas et la Société Générale sont première et deuxième en spontané chez les commerciaux, mais aussi deuxième et troisième chez les élèves ingénieurs. Jamais les instituts de sondage n'avaient mesuré pareil engouement. Cette offensive des établissements financiers n'étonne pas Patrice Houdayer, directeur d'EM Lyon : " Nous avons organisé cette année pour la première fois une journée finance et banques internationales. Plusieurs sont venues, toutes seront là l'année prochaine. " Pour Bérangère Pages, directrice des relations avec les entreprises d'HEC, " les banques sont les recruteurs numéro un ". Constat identique pour Catherine Desjacques, responsable des relations entreprises à l'ESCP-EAP : " Ce sont les plus présentes. La Société Générale , par exemple, bénéficie chez nous d'un événement de recrutement spécifique, y compris sur nos campus de Berlin et Londres pour un recrutement européen. "

Ce succès ne surprend pas non plus les spécialistes de la communication en ressources humaines, comme Fabrice Fournier, directeur d'ORC, agence spécialisée qui regroupe 130 collaborateurs dédiés à la communication ressources humaines. " Les banques ont fait leur révolution culturelle il y a cinq ans et pris la mesure de la tension démographique. Résultat : aujourd'hui, elles montent en flèche dans tous les classements. " Si les étudiants issus des écoles de commerce ont vocation à travailler dans les établissements financiers, il n'en est pas de même des ingénieurs. Cette population, jusque-là plus attirée par l'aéronautique, l'automobile ou les SSII, succombe elle aussi aux sirènes des salles de marché et autres private equity .

D'après Monique Rubichon, directrice développement et communication de l'Ensam, " les élèves ingénieurs sont de très bons organisateurs et logisticiens, et de bons mathématiciens. Or les opérations financières réclament de plus en plus ce genre de capacités ". Une autre explication à cet engouement vient des offres salariales très alléchantes des banques, comme l'explique Bernard Jean, responsable des relations avec les entreprises de l'École centrale de Lyon : " Il y a incontestablement une présence forte des banques et de la finance. Leurs problèmes sont de plus en plus complexes et ils ont besoin d'ingénieurs et de forts en maths pour les marchés. Ils courtisent nos jeunes avec des salaires très intéressants. "

Monique Voileau, consultante jeunes diplômés à l'Apec, estime que l'étude TNS-Sofres est en phase avec la réalité du marché : " Cette étude est cohérente avec ce que nous observons. Les banques sont de gros recruteurs. Elles cherchent des profils doubles, d'ingénieur et de gestionnaire. "

L'arrivée massive des banques sur le marché des jeunes diplômés risque de faire des dégâts dans les autres secteurs, d'autant que cette population se raréfie à cause de deux facteurs concomitants, le papy-boom et les classes creuses. " Les enfants du baby-boom sont en train de partir à la retraite. Et de 1975 à 1985, il y a eu une baisse de la natalité. C'est le phénomène des classes creuses : chaque année, la France perd des actifs. Les entreprises qui n'attirent pas naturellement les jeunes diplômés sont obligées de rivaliser d'imagination et d'efforts ", analyse Fabrice Fournier.

LES CABINETS DE CONSEILSET D'AUDIT RESTENT ATTRACTIFS

Les cabinets de conseil et d'audit continuent de séduire les jeunes diplômés, surtout chez les commerciaux. Malgré un recrutement moins massif que celui de la banque ou de l'industrie, les Accenture, KPMG et PricewaterhouseCoopers multiplient les initiatives pour attirer des futurs cadres très courtisés. Dans le secteur de l'énergie, Total est quatrième chez les élèves ingénieurs. La multinationale française est parvenue à redresser son image auprès des jeunes en cultivant la transparence. D'après l'étude TNS-Sofres, les cabinets de conseil et d'audit sont les entreprises préférées des jeunes diplômés des écoles de commerce, juste après les banques Danone et LVMH,. ERNST & Young est cinquième en spontané, PricewaterhouseCoopers (PWC) sixième, KPMG septième, Deloitte et Mac Kinsey huitièmes ex-æquo, Accenture quinzième.

À l'ESCP-EAP par exemple, les cabinets d'audit et de conseil commeMacKinsey, Boston Consulting Group et Deloitte, sont de gros recruteurs. Pour Catherine Desjacques, responsable des relations entreprises, ce bon résultat vient du fait que ces sociétés correspondent bien aux critères de choix des jeunes diplômés : " Ils cherchent d'abord une adéquation entre leur projet et l'entreprise. Lorsque nous les interrogeons sur leur choix d'un premier emploi, ils disent en majorité vouloir continuer leur apprentissage. C'est une sorte de troisième cycle pour eux. Or ces cabinets sont très formateurs. KPMG, par exemple, entretient une chaire de recherche avec des mémoires réalisés par les étudiants. " Autres critères : le contenu du poste, la responsabilité, l'autonomie, la dimension internationale et les salaires. Sur tous ces points, les cabinets répondent présents.

Mais ce succès chez les commerciaux est relativisé par la faible attractivité des cabinets conseil chez les ingénieurs : Accenture est onzième, Cap Gemini quinzième et MacKinsey vingtième en spontané, aucun n'apparaît dans le palmarès assisté. Explication de Fabrice Fournier, directeur de l'agence de communication ORC : " Ce sont les premiers recruteurs d'ingénieurs, des milliers par an. Mais ils sont masqués derrière le produit fini, c'est-à-dire leurs clients. "

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Pour continuer à séduire les élèves d'écoles de commerce et reconquérir les ingénieurs, les cabinets conseil multiplient les initiatives. À commencer par PWC , qui recrute environ 500 jeunes diplômés par an, soit près de 15 % de ses effectifs. Le cabinet ne ménage pas ses efforts. Éric Bertier, associé en charge des RH pour la France, détaille les actions menées par sa société : " Nous avons monté le ConnectedThinking Tour, une sorte de Tour de France des campus. Pendant un mois et demi, nous sillonnons les campus. Il ne s'agit pas vraiment de recruter, mais plutôt d'expliquer nos métiers et d'accueillir toutes les questions. L'année dernière, nous avons changé de décor et recréé le café près de notre siège dans une grande tente dans laquelle 350 de nos collaborateurs ont accueilli 3.500 étudiants lors de16 étapes. " Autre outil essentiel pour attirer les diplômés : les stages. " Les jeunes sont considérés comme des collaborateurs. Ils sont évalués en fin de mission. En trois à six mois, ils peuvent se forger une opinion sur notre façon de travailler. L'objectif est un taux de conversion de 50 % " , explique Éric Bertier.

CAPACITE A INNOVER

P our remédier quelque peu à la pénurie de profils d'écoles de commerce massivement raflés par les banques, PWC s'est associé à six autres entreprises (Axa, Coca-Cola France, HSBC, Renault, Siemens France, Société Générale) pour monter avec la commission dialogue économique du Medef l'opération Phénix. " Nous ouvrons nos rangs à des étudiants en master II recherche (lettres, histoire, sciences économiques, etc.). Nous en prenons 20, les autres partenaires de 5 à 10 dans cinq universités de la région parisienne (les trois Sorbonne, Marne-la-Vallée et Créteil), ajoute Éric Bertier. Ils suivent un cours commun de trois mois dispensé par un organisme agréé qui forme ces étudiants aux exigences et aux spécificités du monde de l'entreprise. À partir du 1er octobre, ils seront en CDI. Ce n'est pas un coup médiatique. Je suis persuadé que ces profils différents peuvent apporter imagination, vision décalée et capacité à innover. Dans trois ans, tout le monde trouvera cela normal ! " À quand un palmarès des entreprises préférées des étudiants ?